Martin Spreng Les créations de Martin Spreng sur le site de la galerie : Bijoux de Martin Spreng.

ll est le lauréat des « noces de bois », le concours organisé par la galerie pour célébrer ses cinq années d’existence. Sa broche mixant ébène du Gabon cintré et sculpté, argent ciselé et poinçonné et « bulles » en or jaune rivetées a fortement séduit le jury par sa dimension de « sculpture » à porter.

Il faut dire que ce créateur, né en 1957 à Munich, en connaît un sacré rayon sur le plan du travail des volumes et des associations de matériaux puisqu’il exerce depuis près de trente ans le métier … d’ébéniste !
En association avec Francis Ballu et Rémi Colmet Daâge, ébénistes comme lui, il crée en effet, sous le nom de Xylos, du mobilier (pièces uniques) décoiffantes d’originalité et d’ingéniosité ainsi que des décors muraux à base de marqueterie.
Une activité qui lui a cependant laissé le loisir de réaliser, en parallèle, quelques bijoux jusqu’à l’inciter, après une première exposition de ses créations en 2007, à devenir créateur joaillier à part entière en 2010.
Manchette de Martin Spreng à la galerie Elsa Vanier
Ayant suivi cette évolution, je me suis dit qu’il serait intéressant de le soumettre au « feu » de mes questions!

Martin, comment es-tu venu au bijou ?

Martin Spreng : Question d’abord de contexte familial. Avant de devenir peintre-sculpteur, mon père était bijoutier. Tout au long de mon enfance, je l’ai donc vu créer des bijoux et la plupart du temps en or fin. Il en réalisait l’empreinte puis en confiait la production à des orfèvres. Ce qui explique qu’à l’issue de mes études au lycée, comme je voulais m’orienter vers un métier manuel, j’ai hésité entre suivre une formation d’orfèvre et un apprentissage en ébénisterie. J’ai finalement opté pour l’ébénisterie parce que je voulais m’exprimer sur des volumes importants. Cela m’a amené en 1980 à Paris pour me perfectionner et comme j’y ai rencontré mon épouse, je m’y suis installé. Mon goût pour le bijou m’a conduit à créer quelques pièces pendant mes loisirs. D’abord en bois, puis il y a une quinzaine d’années, en or. J’ai vite ressenti le besoin d’acquérir des techniques, dont celle du sertissage et ai suivi les cours de l’école Nicolas Flamel. Cela me permet aujourd’hui de faire tout par moi-même. J’ai également suivi des cours de gemmologie, même si je dois avouer qu’au départ, je n’étais pas attiré par les diamants ni les pierres précieuses en général.

Qu’est-ce qui provoque chez toi le déclic de création ?

MS : Je cherche des matières et des aspects, je regarde aussi des bijoux faits par d’autres et dont les textures et les formes peuvent m’inspirer pour prendre une direction sans pour autant (et bien évidemment) verser dans la copie ! Je me mets alors à dessiner et c’est généralement à ce moment-là que les idées surgissent. Mais comme je travaille beaucoup à la forge, le bijou va forcément évoluer en fonction des frappes que je lui imprime. Si je réalise par exemple un pendentif doté d’un grand disque en or jaune associé à de l’or gris, même s’il a une forme déterminée au départ, j’en arrive cependant à la faire évoluer tout comme si je sculptais. Par conséquent, le bijou n’est jamais totalement défini au départ puisqu’il ne cesse d’évoluer au fur et à mesure de sa réalisation.

Quels sont tes matériaux de prédilection ?

MS : L’or jaune et l’or gris. J’aime l’or fin. Sa couleur est la plus belle de tous les ors mais il est trop mou pour être employé en bijou. J’utilise donc souvent l’or 22 carats, (900 ‰) y compris pour sertir des pierres, ainsi que le 18 carats, même si sa tonalité est nettement plus froide, dans la mesure où pour certains sertissages il est le plus approprié en terme de résistance. En revanche, je n’aime pas le platine, que je trouve trop parfait, trop lisse dans son aspect. J’aime que l’on sente la main de l’homme. Enfin, pour l’instant.

Et en ce qui concerne les pierres ?

MS : J’ai appris à m’y intéresser et à les apprécier au fur et mesure que je me suis immergé dans l’univers de la joaillerie. Pour moi, une belle pierre peut parfaitement comporter un défaut, une inclusion si sa forme et sa couleur me parlent et m’inspirent. J’aime particulièrement l’aigue-marine, le chrysobéryl, l’opale et le rubis. Mais j’apprécie aussi qu’un client me demande d’utiliser une seule très belle pierre de son choix. Et j’aime proposer des bijoux certes précieux mais néanmoins portables tous les jours.

Est-ce difficile pour un créateur joaillier de se faire une place, un nom ?

MS : Forcément, parce que je suis tout seul et que je n’ai absolument pas l’intention d’élargir ma fabrication. Je veux rester avec un nombre limité de diffuseurs. Bien entendu, je veux vivre de mon métier mais sans pour autant transformer mon activité en fabrique pour gagner de l’argent coûte que coûte en reniant la dimension artistique, créative, exclusive qui est la mienne. Cela ne m’empêche pas de songer à de petites séries plus facilement vendables en ébène et argent parce que ces matériaux sont moins chers que l’or. Mais ma démarche première étant avant tout passionnelle, je vais demeurer sur le créneau de création de pièces uniques si je veux avoir une réelle chance d’exister et de me faire connaître.

Les créations de Martin Spreng sont sur notre site, Martin Spreng, bijoux contemporains.