Emeraude, "taille émeraude" de 2,44 caratsL’émeraude… Un mot qui, à lui seul, évoque une intensité de couleur verte dans laquelle l’œil ne demande qu’à plonger. C’est une pierre qui peut être si belle et sur laquelle il y a tant à dire que son évocation occupera plusieurs épisodes…
Son nom vient du grec « smaragdos », qui signifie simplement gemme verte, francisé en « esmeralde ». Cette pierre merveilleuse est à la source de nombreuses légendes. Les Incas la tenaient pour une pierre sacrée. Il est probable que les pierres les plus anciennes aient été trouvées près de la mer rouge en Egypte. Exploitées de 3000 à 1500 avant JC par les pharaons, ces mines étaient depuis longtemps épuisées lors de leur redécouverte au 19ème siècle.

Aspect, caractéristiques, lieux et conditions de sa croissance :

L’émeraude est une pierre verte de la famille des béryls. Pierre à l’éclat doux (indice de réfraction de 1,565 à 1,602), elle offre les plus extraordinaires nuances de vert, du vert jaune au vert bleuté. Sa couleur provient de sa structure cristalline dans laquelle des ions d’aluminium ont été remplacés par du chrome et du vanadium – éléments relativement rares sur le globe terrestre. C’est même cette couleur qui va directement définir la valeur de la pierre : plus le vert est vif et intense, plus l’émeraude est précieuse. Les émeraudes les plus grosses et les plus belles viennent pour la plupart d’Amérique du Sud, en particulier de Colombie.

L’émeraude se forme au sein de pegmatites et de granits, des roches dérivant de la montée d’une masse de magma. C’est un silicate d’aluminium et de béryllium. D’un point de vue minéralogique, l’émeraude est une coïncidence extraordinaire car le chrome, le vanadium et le béryllium se trouvent en des endroits très éloignés de la croute terrestre et il a fallu quantité de mouvements tectoniques tels que orogénèse, métamorphisme, émergence ou érosion pour permettre à ces éléments de se rencontrer et de cristalliser en l’une des plus belles gemmes qui soient. Les tensions impliquées dans sa croissance provoquent souvent des marques telles que fissures, inclusions d’autres cristaux, inclusions gazeuses ou liquides et que l’on appelle poétiquement jardins. Il est donc très rare de trouver un cristal conjuguant volume, transparence, couleur et pureté. Les émeraudes pures sont extrêmement rares et leur prix peut se comparer à celui du diamant.

La plupart des pierres taillées contiennent quelques inclusions aux formes typiques qui permettent de distinguer les émeraudes naturelles des cristaux de synthèse, mais elles doivent rester jardin discret dans un océan de verdure…

La dureté l’émeraude est de 7.5 à 8 sur l’échelle de Mohs. Elle offre donc une bonne résistance à la rayure. Par contre sa structure cristalline un peu « chahutée », comme on l’a vu plus haut, la rend fragile aux chocs.

fiche d'observation d'une émeraude

SA PROVENANCE

Aujourd’hui, les principales mines se situent au Brésil, en Colombie, en Russie, en Afghanistan, en Zambie, à Madagascar et au Zimbabwe… Les émeraudes les plus grosses et les plus belles viennent d’Amérique du Sud, en particulier de Colombie (Muzo, Coscuez et La Pita), où les cristaux sont extraits dans des conditions extrêmement difficiles : dans des galeries mal ventilées par 300 mètres de fond et par plus de 40°C, les mineurs travaillent pendant 8 heures dans un bruit assourdissant de marteaux-piqueurs…

Cependant, l’origine des émeraudes appartenant aux trésors anciens demeure souvent incertaine, voire mystérieuse. D’où proviennent les émeraudes conservées par les musées du Caire, de Téhéran, Washington, Londres ou Paris ? Les gemmologistes s’interrogent particulièrement sur la localisation « des vieilles mines » d’où étaient extraites ces émeraudes.

En appliquant à des joyaux anciens un nouveau procédé d’authentification des émeraudes, une équipe associant l’IRD et le Centre de recherches pétrographiques et géochimiques du CNRS, à Nancy, a reconstitué la route des émeraudes au cours du temps. Ces recherches révèlent notamment que certaines de ces pierres proviennent de mines supposées n’avoir été découvertes qu’au XXe siècle (Science, 28 janvier 2000)…

A suivre…